Les vétérans et leurs familles se sont vu promettre bien des choses mais ils n’en ont reçu que beaucoup moins. Cela doit changer. Les arriérés et les listes d’attente des services se sont allongés et le personnel d’Anciens combattants Canada a eu du mal à suivre. Les vétérans et les employé-e-s en souffrent. Ils souffrent physiquement et psychologiquement en raison de l’absence de soutien et du fait que les promesses creuses ne leur donnent aucun recours.

Le Syndicat des employé-e-s des Anciens combattants représente la majorité des personnes qui servent les vétérans et leurs familles d’un océan à l’autre. Pendant la campagne électorale fédérale, nous mettrons en évidence les problèmes qu’ont les vétérans et leurs familles et nous proposerons des solutions. De vraies solutions. Pas des palliatifs. Nous espérons que vous nous écouterez, que vous comprendrez notre point de vue particulier et que vous vous joindrez à nous pour apporter des changements valables.

Nos vétérans méritent mieux. Assurons-nous qu’ils le reçoivent.

Qu’est-il arrivé depuis quelques années?

Arriérés, temps d’attente et charges de travail

La situation a empiré plutôt que de s’améliorer. Il est vrai qu’il y a plus de programmes pour les vétérans. Cependant, il y a beaucoup plus de vétérans qui ont besoin de nos services et beaucoup moins de membres du personnel à Anciens combattants Canada pouvant les aider. Il y a des retards à tous les niveaux dans toutes les sections du Ministère; il ne s’agit pas que des cas dont on parle dans l’actualité. Le personnel des services d’accueil ne peut pas traiter toutes les demandes parce qu’il en reçoit un trop grand nombre et les gestionnaires de cas ne peuvent pas y répondre parce que leur charge de travail comprend de 40 à 60 vétérans et les membres de leurs familles. Les temps d’attente sont plus longs que jamais. Les arriérés sont plus grands que jamais. Et personne n’est heureux, surtout pas les vétérans.

Solutions à court terme

Des problèmes systémiques de longue date se posent à Anciens combattants Canada, et l’approche du gouvernement et de la direction du Ministère a consisté à n’apporter que des solutions superficielles. À peu près tous les ans, ils annoncent un nouveau financement à court terme ou une nouvelle approche dictée par la direction qui colmate une brèche mais qui ne fait qu’en ouvrir une autre. Si l’on affecte des fonds temporaires au règlement d’un problème dans un programme particulier, comme par exemple les prestations d’invalidité, tous les autres services tels que l’accueil et le traitement secondaire prennent du retard. À mesure qu’augmente le nombre des vétérans dont les demandes de prestations sont approuvées, le personnel qui met ces prestations en œuvre et qui prend des décisions sur d’autres reçoit beaucoup plus de travail sans qu’augmentent les fonds ou les employé-e-s qui y sont affectés. Le Ministère ne fait qu’un mauvais tour de passe-passe – déplaçant le problème de là où la presse ou le public regardent à un endroit où ils ne le voient plus. Ajoutons à cela le fait que parce que de nombreux employé-e-s occupent déjà des postes par intérim en raison du besoin de doter des postes à l’aide du financement à court terme, le travail associé à leur poste d’attache doit être réparti entre les autres employé-e-s ou cumulé avec celui du poste qu’ils occupent par intérim. Il n’y a tout simplement pas suffisamment de membres du personnel pour accomplir tout le travail. Les solutions à court terme ne sont pas efficaces, pas plus que la sous-traitance ou la privatisation. Il est temps de reconnaître que le nombre des vétérans qui ont besoin de services augmente et de dresser un plan à long terme en conséquence. Ce n’est pas en faisant l’autruche que nous allons arriver à fournir des services de qualité aux vétérans.

Quels ont été les effets sur les vétérans et leurs familles?

Que disent les vétérans de tout cela? Quelles sont les répercussions de l’arriéré et de la surcharge de travail? Les vétérans sont mécontents et insatisfaits des services qu’ils reçoivent. Les groupes de défense des vétérans soutiennent que des vétérans tombent entre les mailles du filet et ne reçoivent pas l’aide nécessaire pour satisfaire à leurs besoins en santé physique, émotionnelle et mentale. Leurs familles se voient abruptement privées de services de counselling, et certains vétérans éprouvent de la difficulté à réintégrer la vie civile. Le délai qui s’écoule entre le premier contact et le début de tout plan de traitement est de plus en plus inquiétant. L’ombudsman des vétérans affirme qu’il est indispensable que les vétérans et les membres de leur famille puissent accéder en temps opportun à des soins de santé mentale fondés sur des preuves. Il arrive trop souvent que ces soins soient retardés, différés ou inaccessibles. Outre le fait que cela ne constitue pas une politique publique judicieuse, cela met des vies en danger.

Quels ont été les effets sur le personnel?

Comment le personnel d’Anciens combattants Canada a-t-il vécu les quelques dernières années? Il a subi d’énormes pressions à accomplir un travail qu’il aime, soit servir les vétérans, sans disposer des ressources et du leadership nécessaires. Il est fatigué et démoralisé. Bon nombre de ses membres ont souffert aux côtés des vétérans qu’ils servent. Un grand nombre d’entre eux sont tombés malades, physiquement et mentalement. Certains ont dû consulter un médecin et prendre des congés. La nature du travail et les conditions de travail actuelles créent une crise de santé mentale au sein du Ministère et laissent bien des membres de son personnel traumatisés. Ils sont exaspérés par les longs délais et le langage contradictoire du Ministère, qui exige que des services de qualité soient fournis mais qu’on s’arrange pour en fournir une grande quantité. De plus, le personnel a fait l’objet de violence, de harcèlement et de discrimination dans l’exercice de ses fonctions. Cela doit être rectifié.

La privatisation des programmes de prestations des services aux vétérans à Croix Bleue Medavie qui se poursuit et prend de l’ampleur est-elle efficace?

Le personnel et les vétérans nous ont indiqué à maintes reprises les lacunes du programme d’administration des prestations de Croix Bleue Medavie (CBM). Le rôle initial de CBM ne consistait qu’à administrer les prestations approuvées par le personnel d’ACC. La société CBM tire des millions de dollars de l’arrangement en vertu duquel elle fournit aux vétérans et aux membres de leurs familles des biens et services variant des appareils auditifs à la physiothérapie et au counselling en santé mentale. Cependant, son rôle s’est transformé au fil des années, de telle sorte que CBM a assumé plus de responsabilité et acquis du pouvoir. Elle croit même qu’elle peut donner des ordres au personnel d’Anciens combattants Canada et faire fi de recommandations sur les prestations que celui-ci présente. Elle croit pouvoir raisonner et se comporter comme si les vétérans étaient comme tous les autres client-e-s de sa compagnie d’assurance maladie, qui réalise des profits en disant « non ». Elle croit cela et agit ainsi parce que personne ne surveille son rendement.

Le fait est que, plutôt que de permettre au Ministère de fournir des services de calibre mondial à nos vétérans, le gouvernement du Canada continue à confier les dossiers de nos vétérans à un assureur qui se préoccupe davantage d’accroître les dividendes de ses actionnaires que d’assurer des services aux vétérans et à leurs familles. Les vétérans sont mal servis par un système dans lequel Croix Bleue Medavie contredit les recommandations de leurs fournisseurs de soins de santé et les décisions du personnel d’ACC, ce qui sème la confusion et la frustration chez les client-e-s que nous sommes censés servir. De plus, il arrive souvent que l’assureur néglige des faits médicaux et procède à des modifications sans consulter le personnel d’ACC ou les vétérans. Des paiements se perdent, sont retardés et parfois ne sont tout simplement pas effectués. Pourquoi les vétérans et leurs familles souffrent-ils quand les services pourraient et devraient être fournis par des employé-e-s qualifiés et formés du Ministère?

Le système de paye Phénix pose-t-il encore un problème?

Pendant que tous ces problèmes continuent de se poser à Anciens combattants Canada, il faudrait au moins que le personnel reçoive le montant exact de sa rémunération au moment opportun. De nombreux employé-e-s subissent encore les effets négatifs du système de paye Phénix, qui continue d’avoir des répercussions sur la santé mentale des fonctionnaires fédéraux. Ces répercussions se font encore sentir dans l’ensemble du système, et les employé-e-s craignent de prendre des décisions importantes comme celles de profiter de possibilités d’avancement ou même de prendre leur retraite parce qu’ils ne peuvent pas être sûrs qu’elles ne nuiront pas à leur rémunération et à leurs autres prestations de retraite. Recevoir sa paye ne devrait pas être comme jouer à la loterie.

Bien que la convention collective la plus récente assure une certaine réparation, les employé-e-s se heurtent à des régimes de remboursement inéquitables et doivent régler des questions fiscales épineuses tout seuls. L’instauration du Phénix était une erreur qui ne doit jamais être commise de nouveau, et toute personne qui a été affectée devrait être pleinement indemnisée avant qu’on puisse aller de l’avant.

Quelles doivent être les prochaines étapes?

Malgré tous les défis que continue de devoir relever Anciens combattants Canada, les membres du SEAC à AAC s’engagent encore à fournir des services excellents et uniformes aux vétérans et à leurs familles. Cependant, des modifications doivent être apportées pour que ces services puissent être maintenus et que la qualité et les délais de mise en œuvre des programmes d’ACC pour les vétérans soient améliorés.

Pour ACC et ses employé-e-s, la clé du succès sera un financement stable et à long terme. Le meilleur moyen d’assurer ce financement et de régler de nombreux autres problèmes serait de porter le budget de fonctionnement du Ministère de 6,5 % à au moins 10 %, niveau considéré comme le minimum pour les organismes de bienfaisance. Cela permettrait de hausser les niveaux de dotation en personnel et de répondre à toute augmentation de la demande de services dans tout domaine. De plus, la charge de travail des gestionnaires de cas doit avoir un plafond fixe. Nous recommandons qu’il s’agisse de 25 cas. Cela donnerait aux gestionnaires de cas le temps nécessaire pour bien s’occuper des vétérans et de leurs familles et leur assurer le niveau de service qu’ils méritent.

Il y a en outre lieu de modifier la façon dont Anciens combattants Canada traite les vétérans. Ceux-ci ne sont pas des numéros ou des statistiques : ils sont des personnes qui ont servi leur pays et qui ont maintenant besoin de notre aide. ACC devrait donner à son personnel le pouvoir de régler tous les problèmes possibles et de fournir le plus tôt possible à tous les vétérans les services dont ils ont besoin. Le Ministère doit reconnaître que notre population de vétérans a changé et procéder aux adaptations qui s’imposent. Cela exigera d’accorder plus d’importance aux services en santé mentale à l’intention des vétérans et d’assurer plus de soutien à leurs familles et plus de formation au personnel d’ACC afin de prévenir son épuisement professionnel et le stress ainsi que les troubles de santé mentale, dans son intérêt comme dans celui des vétérans.

Cela exigera aussi de ramener à l’interne une grande partie du travail qui a été externalisé et de freiner l’incessante privatisation qui a réduit les niveaux des services et accru les plaintes portées dans l’ensemble du Ministère. Il y a lieu d’encourager et d’aider les employé-e-s d’Anciens combattants Canada à ne jamais cesser d’apprendre et à avancer au sein du Ministère. Ils devraient disposer de la technologie la plus récente et de la formation nécessaire pour en tirer le maximum afin d’améliorer les services fournis aux vétérans et à leurs familles.

Les membres du SEAC sont fiers de servir les personnes qui ont servi notre pays. Nous espérons que vous vous joindrez à nous pour chercher à améliorer tous les services destinés à nos vétérans et à leurs familles et à créer un milieu de travail et un Ministère inclusifs.

Questions à poser aux candidates et aux candidats dans votre circonscription

Voici certaines des questions que les membres du SEAC peuvent et devraient poser aux candidat-e-s de leur circonscription et de leur région pendant la campagne électorale.

Financement

Question : Comment votre parti et vous favoriseriez-vous un financement suffisant et stable permettant d’atteindre les normes de service à ACC et ne laissant pour compte aucun vétéran actuel ou futur ou membre de sa famille? Consentiriez-vous à porter le budget de fonctionnement d’Anciens combattants Canada d’environ 6,5 % à au moins 10 % sans réduire les services aux vétérans et à leurs familles?

Arriéré

Question : Quelles mesures précises votre parti et vous prendriez-vous pour réduire l’arriéré de cas et les listes d’attente dans l’intérêt des vétérans et des membres de leur famille qui demandent des services à ACC? Consentiriez-vous à engager suffisamment d’employé-e-s à temps plein pour répondre aux besoins actuels et futurs des vétérans?

Charges de travail

Votre parti et vous consentiriez-vous à établir une charge de travail fixe pour les gestionnaires de cas d’ACC et à engager des gestionnaires de cas supplémentaires pour voir à ce que cette charge ne soit pas dépassée? Consentiriez-vous aussi à fixer cette charge à 25 client-e-s à la fois comme le recommande le Bureau de l’ombudsman des vétérans?

Phénix

Qu’est-ce que votre parti et vous feriez pour régler les problèmes de rémunération associés au système de paye Phénix et voir à ce qu’ils ne se reproduisent jamais? Convenez-vous que toute indemnisation négociée des dommages causés par le système de paye Phénix doit être non imposable?

Privatisation

Votre parti et vous êtes-vous en faveur du maintien des services publics au sein de la fonction publique? Votre parti ou vous avez-vous l’intention d’élargir la privatisation des services publics ou la sous-traitance en vertu du nouveau contrat sur le programme de Services de réadaptation et d’assistance professionnelle et le contrat en vigueur avec Croix Bleue Medavie?

Bureaux d’Anciens combattants Canada

Vous engagez-vous à maintenir le nombre actuel des bureaux d’Anciens combattants Canada? Votre parti ou vous avez-vous l’intention de recourir à la sous-traitance pour fermer de nouveau des bureaux d’Anciens combattants Canada?