Lorsque j’ai commencé à écrire des notes pour ce rapport, quelques agences de presse accordaient quelques minutes d’antenne à une nouvelle concernant un nouveau virus du rhume qui avait infecté quelques personnes dans une seule ville en Chine. J’étais davantage préoccupé à tenter de faire comprendre à l’employeur l’importance de prendre très au sérieux la sécurité physique de nos membres et de lui faire reconnaître les graves problèmes de santé mentale inhérents à nos carrières.
Au moment de présenter ce rapport, le monde constate à quel point notre société est fragile. L’importance d’un filet de sécurité sociale solide a été remise en lumière, tant en ce qui concerne la manière dont il assure notre sécurité que pour les trous massifs creusés par 30 ans de néolibéralisme dans ce que la population canadienne tient pour sacré. Pour la première fois, de nombreuses travailleuses et de nombreux travailleurs canadiens vivent un réel danger mortel au travail; pour d’autres, il s’agit simplement d’une menace différente qui surgit à un autre moment. Un trop grand nombre de nos membres de l’Atlantique font partie du deuxième groupe.
Pendant un peu plus d’un an à titre de VPR, j’ai été appelé à maintes reprises à traiter des questions de sécurité et de santé mentale. Qu’il s’agisse de menaces directes de violence ou simplement du surmenage du personnel, la santé et la sécurité de nos membres sont une source constante de lutte contre le ministère. La pandémie COVID-19 a mis cette situation en évidence. L’employeur ne comprend tout simplement pas! Les cadres supérieurs de notre ministère ne comprennent pas les dangers physiques et psychologiques inhérents à notre travail. Ils ne comprennent pas ce que c’est que d’entrer dans une maison sans savoir ce qui vous attend à l’arrivée. Ils ne comprennent pas ce que c’est que de lire des récits d’événements horribles, parfois plusieurs fois par jour, et les efforts requis pour ne pas rentrer chez soi à la fin de la journée marqués par ce qu’on a vécu. Ils ne comprennent pas la difficulté de passer à la prochaine requête aussi vite que possible après l’appel d’un client suicidaire à cause des retards qui minent le ministère, et pour lesquels est blâmée la personne au bout du fil qui se fait dire « Ce sera votre faute ».
Plutôt, l’employeur se vante et se flatte d’avoir remporté un prix iPolitics pour la santé mentale et de figurer sur la liste des 500 employeurs de choix par le magazine Forbes. Je ne sais pas pour vous, mais je n’ai certainement pas voté pour lui!
Depuis mon dernier rapport, j’ai pu joindre le Comité de santé et de sécurité des bureaux locaux de Terre-Neuve lors de leur formation dispensée sous contrat par l’AFPC. Dire que ce fut une expérience instructive pour l’employeur est un euphémisme. C’est aussi un domaine dans lequel nous devons renforcer nos efforts à l’avenir. Nos vies mêmes peuvent dépendre de la création d’un ministère qui considère la santé et la sécurité de son personnel tout aussi importantes que la bonne presse et les prix d’excellence. À cette fin, j’ai participé à la Conférence nationale sur la santé et la sécurité de l’AFPC tenue en décembre 2019.
L’an dernier, j’ai assuré la représentation dans 17 dossiers allant de l’obligation d’adaptation aux questions de harcèlement et de discrimination. Je suis heureux de dire que certains de ces dossiers ont connu le succès, mais beaucoup trop restent en suspens, car l’employeur retarde, nie et conteste même les meilleures informations médicales. Avec un peu de chance, les changements récents aux cadres supérieurs insuffleront une nouvelle vie à un système sombre et poussiéreux qui place l’autorité entre les mains des relations de travail plutôt que dans celles du décideur délégué.
En terminant, je souhaite profiter de l’occasion pour féliciter particulièrement une présidente et un président des sections locales sous ma compétence géographique. Signalons d’abord le parcours de Sophie Maltais, présidente de la section locale 60023 de Campbellton. Lorsqu’elle a été élue l’an dernier, elle en était à ses premières armes à la direction du syndicat et elle était très peu confiante en ses propres capacités. J’ai eu l’honneur de la voir évoluer dans son rôle, alors qu’elle représente ses membres avec confiance, intelligence et compassion.
Jonathan Pippy de la section locale 80004 en Nouvelle-Écosse est l’autre président digne d’une mention spéciale. Jonathan est exceptionnellement impressionnant! À la suite d’un incident de sécurité critique dans son bureau en octobre, Jonathan a affronté, à plusieurs reprises, tous les niveaux de la direction pour aider le bureau national à défendre la santé et la sécurité de nos membres et pour apporter des changements importants dans la façon dont sont traitées les menaces de violence physique à l’endroit de nos membres. Je remercie tous les présidents et les présidentes ainsi que les membres des provinces de l’Atlantique de leur soutien continu.
En toute solidarité,
Edwin Macdonald,
Vice-président régional, Atlantique