Démystification des idées fausses entourant les syndicats

MYTHE 1 : Tous les travailleurs et les travailleuses sont obligés de faire partie des syndicats et de payer des cotisations syndicales

Un syndicat est créé lorsqu’une majorité de travailleuses et de travailleurs, dans un lieu de travail en particulier, signent une carte d’adhésion pour former un syndicat. Dans la plupart des compétences, cette démarche mène à un scrutin secret supervisé par le gouvernement afin de déterminer si la majorité des gens dans ce lieu de travail veulent ou non que le syndicat les représente.

En dépit de l’opposition manifestée par l’employeur, les syndicats existent parce que la majorité des travailleuses et des travailleurs croient fermement que l’arrivée d’un syndicat dans leur milieu de travail améliorera leur vie à la suite de la mise en place de meilleures conditions de travail, de meilleurs salaires et de meilleurs avantages.

Les personnes qui affichent leur opposition aux syndicats ne sont pas tenues d’y adhérer ou de signer une carte d’adhésion. Ils sont toutefois obligés de verser une cotisation syndicale. Si tous les travailleurs et les travailleuses tirent profit d’un contrat négocié par le syndicat, il va sans dire que tous devraient payer une cotisation syndicale et non seulement les membres. Si un syndicat négocie une hausse salariale, cette augmentation est acquise à tous et non seulement à ses membres. Les citoyens et les citoyennes paient des impôts fonciers aux paliers municipal, provincial et fédéral, qu’ils aient ou non voté pour la personne ou le parti politique au pouvoir. Votre rue est déblayée, vous tirez profit de la protection du service incendie et du service de police, et vous jouissez de la protection des lois fédérales et des agences fédérales parce que vous payez pour ces services. Vous n’avez pas le choix de verser ou non un impôt foncier. Vous ne disposez pas d’un droit de non-participation.

Le même raisonnement s’applique au milieu de travail. Chaque travailleuse et chaque travailleur est protégé par le syndicat et tire profit d’un contrat syndical.

MYTHE 2: Les syndicats appartiennent au passé. Nécessaires auparavant, on n’en a plus besoin maintenant.

Non seulement les syndicats sont nécessaires, mais ils représentent souvent le seul espoir qu’ont les travailleuses et les travailleurs d’être traités équitablement. Même si les employeurs tentent parfois de convaincre le personnel qu’il obtiendrait plus de succès s’il n’était pas syndiqué, cette théorie n’est pas appuyée par des faits ou des statistiques.

Nous sommes conscients qu’un nombre toujours croissant de Canadiennes et de Canadiens ne peuvent composer avec le coût réel de la vie et que bon nombre d’entre eux se plaignent de ne pouvoir atteindre l’équilibre entre leur vie personnelle et le travail. L’écart entre ceux qui font des profits et ceux qui font le travail s’élargit et continuera de le faire à moins que les travailleuses et les travailleurs s’unissent pour se protéger. Collectivement, les membres syndiqués peuvent accomplir davantage pour s’assurer que les travailleuses et les travailleurs se voient accorder un salaire équitable et une partie proportionnelle des profits. Les syndicats permettent aussi aux travailleuses et aux travailleurs de réaliser un meilleur équilibre dans la vie parce qu’ils ont négocié des dispositions qui leur donnent l’occasion de prendre un congé et de maintenir un meilleur équilibre entre le travail et leur vie personnelle.

MYTHE 3 : Si vous n’aimez pas votre emploi, vous pouvez toujours démissionner

Il est vrai que si vous êtes victime d’injustice au travail, vous pouvez toujours démissionner. Combien d’employées et d’employés estiment que la réelle signification de la politique de maintien de la porte ouverte est la suivante : « si vous n’aimez pas ce qui se passe au travail, la porte est toujours ouverte et vous avez la liberté de quitter l’emploi ». Pourquoi cette option serait-elle la seule qui s’offre à vous? Pourquoi les employées et les employés seraient-ils forcés d’accepter un traitement injuste, de devoir quitter leur emploi, de subir la perte de salaire, d’abandonner leurs droits à un régime de retraite ou le droit d’y contribuer et de s’assujettir ou d’assujettir les membres de leur famille à l’incertitude et à la tourmente? Les syndicats souscrivent au principe que les bons employés méritent d’être traités équitablement avec dignité et respect.

Lorsque vous êtes membre d’un syndicat, des règles gouvernant votre relation de travail sont négociées et consignées par écrit. En cas d’infraction à ces règles, tous les membres se voient garantir l’accès à un mécanisme de résolution de problème. Cela se traduit habituellement par l’accès à la procédure de règlement des griefs. En outre, le syndicat a le droit de représenter ses membres, notamment en cas de violation du Code canadien du travail, du non-respect des normes d’emploi ou d’infractions en matière de droit de la personne.

MYTHE 4 : Les syndicats défendent des gens qui ne méritent pas d’avoir un emploi

Si vous faites partie d’un syndicat, les cotisations que vous payez aident, entre autres, à assurer que le syndicat vous représente si des mesures disciplinaires sont instituées contre vous ou si vous êtes frappé injustement d’un congédiement. Les lois fédérales et provinciales donnent à votre syndicat un mandat pour assurer que chaque membre est traité également en vertu de la loi et a droit à une représentation équitable, tout comme un citoyen ou une citoyenne ordinaire peut se prévaloir de représentation juridique si on l’accuse d’enfreindre la loi. En outre, comme il y a présomption d’innocence jusqu’à preuve du contraire, les employées et les employés syndiqués ont droit à une représentation syndicale juste pendant l’enquête instituée par l’employeur et lorsque l’employé ou l’employée est frappé de mesures disciplinaires ou de congédiement, si l’employeur a des motifs valides d’agir ainsi.

Cela signifie que le personnel syndiqué a le droit de faire valoir sa version des faits. Si le syndicat enquête et découvre que les mesures prises par un employeur à l’endroit de son employé sont injustes ou trop sévères, il déposera un grief au nom de l’employé et s’efforcera de déployer tous les efforts pour arriver à une résolution juste de la situation.

MYTHE 5 : Les syndicats sont trop puissants

Voilà une déclaration que l’on entend souvent de nombreux porte-parole antisyndicaux, mais qui ne reflète pas la réalité avec exactitude si on l’examine de plus près. De fait, seulement 30 % des travailleuses et des travailleurs au Canada sont syndiqués et même le personnel syndiqué est visé par les contrats dont il a convenu. Il n’y a aucune corrélation entre la taille et le pouvoir des syndicats et le nombre de grèves. Par exemple, 80 % à 90 % de l’ensemble de la classe ouvrière en Suède et en Allemagne est syndiquée; malgré ce taux imposant, les grèves sont peu fréquemment déclenchées, principalement à cause des politiques éclairées adoptées par les gouvernements de ces pays.

Au Canada, la plupart des politiciens et des politiciennes semblent appuyer les intérêts des entreprises. Leurs actions (ou leur inaction) au cours des trente dernières années ont largement contribué à élargir l’écart entre les riches et les pauvres. Les normes d’emploi qui sont censées défendre les travailleuses et les travailleurs non syndiqués, n’offrent qu’une protection minimale et même en ce cas, ne sont pas toujours appliquées. Les travailleuses et les travailleurs doivent rapporter eux-mêmes les violations parce que personne ne surveille les employeurs pour s’assurer que les travailleuses et les travailleurs sont traités équitablement.

Les gouvernements ont tendance à adopter une approche différente lorsqu’il s’agit de syndicats. Ils exigent que les syndicats soient autorisés par la législation à fonctionner, qu’ils obtiennent officiellement l’appui de la plupart des travailleuses et des travailleurs qu’ils représentent, et qu’ils observent un processus légal long et complexe avant de pouvoir déclencher une grève.

Les gouvernements fédéral et provinciaux peuvent intervenir en cas de grève, obliger le retour au travail et imposer un règlement. Les travailleuses et les travailleurs qui refusent de rentrer au travail sont passibles d’amende ou d’emprisonnement.

On se demande si l’approche adoptée par le gouvernement reflète l’opinion personnelle de nos politiciens ou si elle est attribuable à d’autres influences. Selon le Democracy Watch, les entreprises exercent à temps plein des pressions sur les politiciennes et les politiciens pour qu’ils continuent de protéger leurs intérêts.

MYTHE 6 : Les syndicats déclenchent trop souvent la grève.

Les syndicats négocient des ententes et non des grèves. Aucun syndicat ne souhaite la grève; toutefois, la grève est déclenchée lorsque les deux parties ne peuvent arriver autrement à une entente. Les grèves pour les personnes syndiquées sont synonymes de sacrifices sur le plan personnel et pour les membres de leur famille. Les travailleuses et les travailleurs ne débraient que si les enjeux sont à ce point importants qu’ils en valent le sacrifice.

Les syndicats vont procéder à un vote avant de déclencher la grève qui n’aura lieu que si une claire majorité des membres se prononcent en faveur d’une telle grève.

Les syndicats jaugent leur succès par leur habileté à éviter la grève. De fait, 97 % des sessions de négociation menant à une convention collective n’entrainent pas le déclenchement d’une grève. Malgré ce taux de réussite, les grèves demeurent controversées et font la manchette. C’est sans doute la raison pour laquelle tant de gens croient que les grèves sont la norme et non l’exception.

Il n’existe aucun doute; les grèves peuvent parfois affecter des personnes innocentes. Pourtant, il en est de même pour presque tout genre d’activité économique ou autre genre d’activité. Les hausses de prix font mal aussi, tout comme le fait de se servir des profits réalisés au pays pour les investir ailleurs.

Les porte-parole antisyndicaux négligent le fait que les travailleuses et les travailleurs sont aussi des êtres humains qui veulent être rémunérés équitablement pour leur travail et recevoir une portion adéquate des avantages économiques qu’ils ont aidé à générer. Et pourquoi, en cas de grève, met-on en cause les travailleuses et les travailleurs ainsi que leurs syndicats, comme s’ils étaient les seuls participants au conflit? Après tout, il faut deux parties pour créer un conflit. Les travailleuses et les travailleurs adhèrent à un syndicat pour diverses raisons dont certaines sont universelles : faire valoir leur opinion, obtenir de meilleures conditions d’emploi, faire protéger leurs droits, obtenir un traitement équitable et le respect.