Me voici assise, réfléchissant à ce que je devrais écrire sur le Mois de l’histoire des Noirs et je choisis de parler de mon propre parcours pour comprendre cet événement important.
Je connaissais très peu les difficultés rencontrées par les Canadiens noirs lorsque je suis arrivée au Canada, car ce sujet n’était pas traité en détails dans le cadre des cours d’histoire à l’école. On nous enseignait les bases, rien de plus. Avec le recul, il semble que c’était un sujet que les gens hésitaient à aborder, car ils n’étaient pas à l’aise d’en discuter.
Quelle est la signification du Mois de l’histoire des Noirs? Pourquoi a-t-il été reconnu comme tel? J’ai décidé de me renseigner et de poser des questions.
Comme première étape de ce parcours, j’ai abordé le sujet avec une collègue, qui m’a invitée à assister à une réunion du groupe d’équité raciale de l’AFPC dans les années 90. Lors de cette réunion, j’ai rencontré quelques défenseurs de la cause, à la fois très énergiques et dévoués, qui sont devenus mes mentors, mes guides et mes amis.
Cela m’a fait réaliser qu’il suffit de quelques défenseurs incroyablement passionnés et convaincants, luttant non seulement pour leur propre dignité et leurs droits, mais aussi se portant à la défense de leurs confrères et leurs consœurs, victimes d’injustices et de préjugés, afin d’apporter un changement positif. Je suis tout de même triste de constater que, malgré tous les efforts de sensibilisation et tout ce qui a été accompli, le racisme anti-noir persiste. Lorsque je réfléchis à ce que j’ai appris, je me souviens de la déclaration d’un collègue noir : « Nous ne voulons pas prendre votre place à la table, nous voulons partager l’espace équitablement avec vous. » Nous aurions avantage à travailler tous et toutes en ce sens.
L’encyclopédie canadienne s’est avérée une excellente source de renseignements, et je partage certains faits que j’ai découverts pendant mes recherches; je vous encourage tous et toutes à lire la chronologie qui suit.
L’histoire des Noirs | l’Encyclopédie Canadienne (thecanadianencyclopedia.ca)
1608 – La première personne noire recensée à mettre pied au Canada est Mathieu da Costa, un homme libre, embauché en tant qu’interprète pour Samuel de Champlain lors de son voyage de 1605.
1776 – De nombreux Noirs participent à la Révolution américaine en tant que bateliers, bûcherons, manœuvres, clairons et musiciens. Le général Henry Clinton établit un corps militaire composé de Noirs libres, les « Black Pioneers ».
1784 – Les « Black Pioneers » sont parmi les premiers pionniers à s’établir à Shelburne, en Nouvelle-Écosse, à la suite de la Révolution américaine; ils contribuent à l’édification de ce nouveau peuplement. En périphérie, ils établissent « Birchtown », leur propre communauté. Lorsque des centaines de soldats de compagnies dissoutes sont obligés de travailler pour des salaires concurrentiels par rapport à leurs voisins noirs, les hostilités subséquentes dégénèrent en émeute.
1812 – Des milliers de volontaires noirs combattent au nom des Britanniques durant la Guerre de 1812. De nombreux Noirs du Haut-Canada, craignant la conquête américaine (et le retour à l’esclavage) combattent valeureusement au sein de régiments d’hommes de couleur et de régiments établis. La promesse de la liberté et de lotissements faite par les Britanniques sert à réunir de nombreux esclaves évadés sous le drapeau britannique.
1944 – L’Ontario est la première province à réagir au changement social lorsqu’elle entérine le Racial Discrimination Act (Loi contre la discrimination raciale) en 1944. Cette loi repère interdit effectivement la publication et l’affichage de tout symbole, signe ou message discriminatoire, que ce soit au niveau ethnique, racial ou religieux. Ce projet de loi est suivi d’autres lois générales.
1962 – Au cours de son mandat en tant que ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration, Ellen Fairclough supervise les améliorations au service d’immigration du Canada, mais sa réalisation la plus importante est sans contredit la réforme radicale de la politique d’immigration du « Canada blanc ». Des règlements déposés en 1962 contribuent à éliminer la discrimination raciale de la politique d’immigration du Canada.
1991 – En 1991, une bagarre entre un étudiant noir et un étudiant blanc à l’école secondaire Cole Harbour District escalade jusqu’à ce qu’une cinquantaine de jeunes, noirs et blancs, y participent. Cet événement mobilise les militants noirs de la province pour lutter contre les occasions inégales en éducation. Le ministère de l’Éducation de la Nouvelle-Écosse établit un fonds en 1995 pour améliorer l’éducation et appuyer les initiatives antiracistes.
Nous ne pouvons pas oublier les nombreuses réalisations de nos consœurs et de nos confrères noirs dans le domaine de la musique, de l’art, des sports et bien d’autres disciplines. Citons entre autres : Harry Jerome, Donovan Bailey, Willie O’Ree, Angela James, André De Grasse, Austin Clarke, Viola Desmond, Mary Ann Shadd, Portia White, Elijah McCoy, June Clark et Buseje Bailey.
Malgré les améliorations et les réalisations des 20 dernières années, il reste encore beaucoup à faire. Nous devons tenir des conversations difficiles et inconfortables pour apprendre et réfléchir aux conséquences du racisme systémique qui contribue à l’iniquité et l’injustice.
Consœurs et confrères, soyons fiers et célébrons notre riche histoire. Recherchez les nombreuses activités virtuelles qui se dérouleront au cours de ce mois, et participez à ces activités. Devenez des défenseurs des droits des Noirs!
Zarina Khan, Comité des droits de la personne du SEAC