Depuis maintenant un an, le coronavirus a été déclaré pandémie mondiale, et la vie telle que nous la connaissons a changé à jamais. Nous avons vécu de véritables montagnes russes. Nous nous sommes habitués à porter un masque, à garder nos distances avec ceux que nous aimons et de parfaits étrangers, et à laisser notre vie professionnelle envahir tous les domaines de notre vie privée. Tous les aspects de notre vie que nous tenons pour acquis, sans jamais y penser, ont changé au cours des douze derniers mois. Nous avons dû apprendre tant de nouvelles choses et oublier tout autant de vieilles habitudes. Nous avons dû devenir des experts en gestion des risques, en éducation, en immunologie et en nouvelles technologies, tout en faisant de notre mieux pour vivre une vie « normale ».
L’impact des 12 derniers mois sur notre santé mentale sera tout aussi important que la COVID-19 elle-même. La plupart d’entre nous ne contracteront pas la maladie, mais la COVID aura, d’une façon ou d’une autre, une incidence psychologique sur nous avant la fin de la pandémie.
Depuis la présentation de mon dernier rapport, en septembre 2020, j’ai travaillé fort pour que le ministère prenne des mesures significatives face aux graves problèmes de santé mentale auxquels nos membres font face. J’ai souvent décrit le portefeuille de la santé mentale du ministère comme une vieille et massive boule de pierre dans une forêt dense envahie par la végétation; le ministère ne se souvient pas qui l’a mise là, personne n’en est vraiment responsable, il n’est même pas sûr de ce qu’il faut en faire, mais il est persuadé qu’il ne faut pas en parler pour une quelconque raison. À titre de champion de la santé mentale du SEAC, mon objectif n’est pas de « faire bouger les choses ». ACC est loin d’être prêt pour cela. Mon objectif est de nettoyer la boule et de préparer la zone qui l’entoure. Mon objectif est d’extraire la boule de générations de négligence et de désinvolture. Pour l’instant, le fait que le ministère en admette l’existence est une victoire en soi.
Je suis heureux d’annoncer que j’ai réussi non seulement à faire admettre à la haute direction qu’il y a peut-être une crise de santé mentale au sein du ministère (même si nous ne sommes pas d’accord sur la gravité du problème), mais aussi à convenir qu’il faut faire quelque chose. Nous avons commencé à collaborer pour donner suite aux 25 recommandations formulées par le SEAC au cours de la dernière année; un certain nombre d’activités sont déjà en cours et d’autres sont sur le point de commencer.
Vos dirigeantes et vos dirigeants de l’Exécutif national se sont également engagés à faire de notre syndicat une « organisation tenant compte des traumatismes ». La première étape de ce processus consiste à faire en sorte que tous les dirigeants et les dirigeantes élus suivent une « formation sur le leadership éclairé sur les traumatismes » avant la fin de juin 2021. Nous espérons qu’en faisant ce premier pas, nous pourrons adopter le type de comportement que nous souhaitons voir chez l’Employeur. Et nous espérons que cela nous permettra de commencer à réorganiser le fonctionnement de notre syndicat afin de mieux soutenir les dirigeantes et les dirigeants élus de nos sections locales ainsi que nos membres.
J’ai également l’honneur de représenter le SEAC au sein du « Comité mixte sur les mécanismes de soutien en santé mentale pour les employés » du Conseil du Trésor et de l’AFPC, établi par un protocole d’entente lors de la dernière ronde de négociations contractuelles. Compte tenu de la nature du travail effectué par nos membres, ACC a été reconnu comme l’un des ministères présentant un risque beaucoup plus élevé que la moyenne d’être exposé à des conditions de travail psychologiquement dangereuses, à des traumatismes ou à des menaces. Le comité s’est réuni une fois jusqu’à présent et prévoit le faire aux six semaines pour mener à bien son mandat : « guider une étude sur les mécanismes de soutien pour les employés des unités de négociation des Services des programmes et de l’administration et des Services techniques qui sont intrinsèquement exposés, dans l’exercice de leurs fonctions, à du matériel explicite et perturbant et à des situations potentiellement menaçantes ». Le rapport final de ce comité devrait être prêt en juin 2022, mais cet échéancier pourrait changer au fur et à mesure que nous approfondissons les problèmes auxquels sont confrontés les différents ministères.
Au cours des semaines et des mois à venir, j’assisterai au Congrès régional de l’Atlantique de l’AFPC, à l’Assemblée générale triennale du Congrès du travail du Canada et au Congrès triennal du SEAC. Tous ces événements se dérouleront virtuellement – la nouvelle « normalité » de notre monde en mode COVID19.
Pour les amateurs de chiffres, voici quelques statistiques recueillies entre septembre 2020 et mars 2021.
- Heures en sus de la semaine
normale de travail de 37,5 heures
= 105
- Appels avec les responsables des
sections locales = 83
- Consultations avec l’AFPC, le SEAC,
autres = 28
- Réunions avec l’employeur = 38
- Consultations sur les griefs de
premier palier = 17
- Présentations de griefs au premier
palier = 3
- Présentations de griefs au deuxième
palier = 4
- Présentations de griefs au troisième
palier = 3
- Dossiers actifs (autres que les griefs)
= 9
Au cours de la dernière année, j’ai eu la chance d’être « libéré » de mes fonctions régulières au sein d’ACC et de pouvoir me concentrer à temps plein à mon travail syndical. Il s’agit d’une concession importante de l’employeur qui reconnaît à la fois l’importance du travail syndical et le besoin d’établir un équilibre stable entre le travail et la vie privée. L’employeur avait accordé une telle autorisation à l’IPFPC il y a plusieurs années, mais pas au SEAC (à titre d’information, l’IPFPC représente environ 300 membres à l’échelle nationale ; le SEAC en représente près de 3 000!) L’autorisation nous a été accordée en 2020, à titre « d’essai ». Au moment de rédiger le présent rapport, je n’ai aucune idée si la libération se poursuivra après la semaine prochaine. Si ce n’est pas le cas, je reprendrai mes fonctions à temps plein à ACC, et je poursuivrai à temps plein mon travail syndical. Ne vous méprenez pas – le rôle de VPR est un travail à temps plein! L’employeur le sait, et c’est pourquoi il a essayé d’utiliser la libération comme un outil pour faire taire le syndicat sur certaines questions inconfortables; comportez-vous correctement ou vous perdrez ce privilège. L’employeur oublie qu’aucun d’entre nous n’était libéré lorsque nous avons posé notre candidature. C’est un atout, mais ce n’est pas une nécessité; et aucun d’entre nous n’est prêt à abandonner son intégrité pour l’obtenir ou la conserver. Je suis toujours étonné de la façon de penser de l’employeur, qui croit encore et toujours que le syndicat réagira aux menaces. Quelle que soit la décision de l’employeur, le travail syndical se poursuivra toujours.
En toute solidarité,
Edwin MacDonald