La lettre suivante d’un gestionnaire de cas anonyme est parvenue dernièrement à notre bureau. Puisque nous ne pouvons pas y répondre en privé, voici notre réponse publique.
Cher anonyme,
Nous tenons à ce que vous sachiez que nous vous avons entendu. Nous savons que vous êtes débordé de travail et que vous vous sentez écrasé par le fardeau que les nombreuses pressions du Ministère et de votre travail de gestionnaire de cas vous ont imposé ces dernières années. Nous savons que vous ne souhaitez qu’alléger ce fardeau et que vous espérez de tout cœur que le nouveau contrat du Programme de réadaptation vous le permette ainsi qu’à vos collègues. Après tout, c’est bien ce qu’ACC vous promet, n’est-ce pas?
Nous aimerions que cela soit vrai. Cependant, nous ne croyons pas à toutes les promesses faites par ACC aux gestionnaires de cas. Pourquoi? Examinons les faits.
D’abord, ce n’est pas la première, la deuxième, la troisième ou même la dixième fois qu’ACC promet aux gestionnaires de cas d’améliorer leur vie et leurs conditions de travail. Pendant environ 10 ans, ACC a promis de réduire la charge de travail en la ramenant à l’objectif de 25 cas par GC. Vous remarquerez que le Ministère ne le promet plus. Combien de cas gérez-vous? 20, 35, 40? Certains gestionnaires de cas s’efforcent de jongler avec plus de 50 cas.
Qu’en dit ACC? « Ils doivent bien pouvoir porter cette charge » ou « Ils nous le feraient savoir si c’était trop ». Vraiment? ? ?
Nous n’avons rien à reprocher au nouvel entrepreneur du Programme de réadaptation. Il ne fait que ce qu’ACC lui demande et répond aux besoins auxquels ACC décide de ne pas satisfaire en engageant plus d’employées et d’employés. Nous reprochons cependant au Ministère d’avoir décidé de donner du travail à contrat alors qu’il pouvait engager plus de gestionnaires de cas. Le nouveau contrat visant le Programme de réadaptation n’est que le prolongement d’une longue série de mesures consistant à réduire le rôle et les responsabilités des gestionnaires de cas en les transférant à une organisation à but lucratif. La question fondamentale est celle de savoir si des services publics devraient être fournis par une entreprise privée dans un but lucratif ou par des fonctionnaires mettant l’accent sur la qualité des services plutôt que sur leur quantité.
L’enjeu global dont nous aimerions que vous teniez compte ne concerne pas que vous et les autres gestionnaires de cas. Il est vrai que le syndicat tente de protéger des emplois, y compris le vôtre. Cependant, croyez-vous vraiment qu’une fois que le nouveau contrat aura dépouillé votre emploi encore davantage, ACC aura encore besoin de vos services de gestionnaire de cas? Quand votre description de travail aura été radicalement modifiée et que vous aurez été privé d’une grande partie de vos pouvoirs délégués, ne croyez-vous pas que cela influencera la classification de votre emploi et votre taux de rémunération? Et la question encore plus vaste est celle de savoir si le nouveau contrat vaudra mieux pour les vétérans que vous servez.
Seront-ils mieux servis si vous jouez un rôle amoindri dans la gestion de leurs dossiers? L’entrepreneur se souciera-t-il, comme vous le faites, de ce qui arrive aux vétérans et à leur famille quand il rentrera chez lui à la fin de la journée? Les vétérans recevront-ils tous les services et l’aide dont ils ont besoin ou devront-ils livrer un nouveau combat pour les obtenir? Si vous ne pouvez pas les représenter, les défendre et présenter des arguments pour eux, qu’arrivera-t-il aux plus vulnérables qui ne peuvent pas faire cela par eux-mêmes? Qui luttera pour les vétérans si l’entrepreneur leur refuse quelque chose dont ils ont vraiment besoin?
La cause est celle du maintien de la relation cruciale entre les gestionnaires de cas et les vétérans. Il ne s’agit pas que d’une lutte « pour la forme ». Nous devons défendre nos principes et nous efforcer d’obtenir ce qui vaut le mieux pour nous-mêmes et pour les vétérans que nous avons l’honneur de servir.
En toute solidarité,
Virginia Vaillancourt,
présidente nationale du SEAC
Bonjour,
J’ai lu la publication « 14 semaines d’enfer » sur la charge de travail des GC et les modifications qui seront apportées aux services de réadaptation.
Je conviens que les GC sont débordés et n’ont pas le temps d’accomplir tout leur travail. Il en est ainsi depuis des années!
Toutefois, je n’approuve pas le ton employé au sujet du nouvel entrepreneur des services de réadaptation. Il ne témoigne pas de mes sentiments et de ceux de bon nombre de mes pairs.Je crois que la prestation en sous-traitance de la logistique de la réadaptation réduira grandement le fardeau administratif que portent les GC et leur permettra de se concentrer sur la gestion des besoins des vétérans. La recherche de fournisseurs de services exige beaucoup de travail et de temps.
Je comprends que le SEAC s’oppose en principe à la prestation de travail en sous-traitance. Toutefois, je crois qu’elle nous est utile dans le cas qui nous intéresse. Nous donnons à contrat les services professionnels et il me semble judicieux d’en faire autant des services de réadaptation psychologique et physique. Notre rôle consiste à gérer des cas et non à nous occuper de la logistique de la réadaptation.
Je vous présente mes commentaires anonymement car quand j’ai exprimé par le passé des commentaires ne cadrant pas avec la position du SEAC, j’ai reçu une réponse négative. Cela m’a fait sentir comme si je prenais la part de l’employeur parce que je n’approuvais pas complètement le point de vue du syndicat. Je ne me sens pas à l’aise d’exprimer mes sentiments au cours de réunions s’ils ne sont pas conformes en tout point à la position du syndicat. Je crois en l’unité, mais je ne suis pas toujours d’accord à 100 % avec le syndicat. Je ne suis pas à l’aise d’exprimer mon avis sur les 10 % des points où je ne suis pas d’accord avec le syndicat et je trouve que je ne peux l’indiquer à aucun niveau au sein du SEAC.
Je crois vraiment que les modifications qui seront apportées au Programme de réadaptation seront utiles aux GC et aux vétérans, et d’autres partagent mon avis. J’espère que vous pourrez voir mon point de vue objectivement.
Cordialement,
Confrère anonyme